L’auteur : Thierry Lerch
Je suis né en 1951 dans une famille ni riche ni pauvre, même si mes deux grands parents appartenaient à ce que l’on peut appeler la bourgeoisie industrielle et commerçante protestante.
En 1968 nous occupions le lycée et depuis cette date, je n’ai cessé de m’investir dans l’espoir de changer un monde qui tourne à l’envers.
Je rejoins le PSU (Parti Socialiste Unifié) et je donne des cours d’alphabétisation dans les foyers de travailleurs immigrés, qui pour la plupart, travaillaient chez Renault ou dans l’usine Férodo.
En 1971 après une année de physique chimie à la faculté d’Orsay, avec plusieurs amis, nous décidons d’aller travailler en « usine ». Pour ma part, cela se traduira par 5 années comme magasinier à l’usine Chambourcy de Meudon la Forêt. Puis, après une formation, 15 ans en tant que fraiseur dont 13 chez Thomson CSF et pour terminer, 20 ans comme dessinateur industriel dont 10 au CEA de Saclay.
En 1974 j’adhère à la CGT et j’y suis toujours. Je deviens aussi militant de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), la même année.
La révolution imminente n’arrive pas, je rentre un temps dans une autre scission du trotskysme, très sectaire appelé le » Morénisme ». En parallèle de tout ça, je commence à me poser sérieusement la question pourquoi cet échec de la révolution alors que bien des conditions semblent remplies.
On passait notre temps à dénoncer la trahison des sociaux-démocrates et des staliniens du PCF, chaque fraction trotskyste accusant l’autre de mal avoir compris la parole du maître pour porter le programme de transition, mais le mal n’était-il pas plus profond.
C’est vers la fin des années 80 que j’ai commencé à me poser la question s’il ne s’agissait pas de notre compréhension du monde. Si après la logique formelle et la logique dialectique il n’existait pas une autre logique qui pourrait nous apporter un autre entendement phénoménal.
Je me suis d’abord orienté, sous les conseils d’un ami, vers la « théorie de Chaos » en lisant le livre du même nom ainsi que des ouvrages tels que « Entre cristal et fumée ». J’ai écrit quelques pages là-dessus, mais je n’en étais pas très satisfait.
Je me suis ensuite plongé dans tout un tas de lectures scientifiques dans tous les domaines, tous les aspects de la biologie, ethnologie, éthologie, sociologie, psychologie, philosophie, etc… Mais aussi les nouveaux aspects de la pensée, avec les ouvrages d’Edgard Morin, la pensée complexe ou systémique, tout un tas d’écrits sur l’auto-organisation, etc… Je me suis aussi beaucoup inspiré de la théorie des champs de Pierre Bourdieu qui transparait dans tous mes écrits.
De cette réflexion sont sortis trois essais. Dans le premier (écrit en 1996) je suis resté dans l’idée que s’était un problème de logique. Dans le dernier (2006), ma conjecture est que c’est vers un nouveau mode de pensée que nous devons évoluer, la pensée systémique.